Quoique…

Nul besoin je pense de présenter encore les travaux d’Elisabeth Kübler-Ross… quoique.

Psychiatre, celle-ci est particulièrement connue pour ses travaux sur les phases de deuil, notamment dans le cadre de ses observations en soins palliatifs. Kübler-Ross théorise sera la première à théoriser  les différents stades émotionnels par lesquels passe un patient qui apprend sa mort prochaine. Le modèle dit de Kübler-Ross s’applique plus largement à toute forme de perte, et aujourd’hui semble particulièrement adaptée à toute forme de changement (modèle largement enrichi depuis par un certain nombre de théoriciens).

La Courbe du deuil

L’idée pour moi n’est pas de faire un exposé sur Elisabeth Kübler-Ross (il y en a qui le font bien mieux que moi), mais bien de m’attacher à son modèle de la Courbe du deuil, que je trouve particulièrement parlant en ces temps de confinement…

Je précise aussi m’être inspirée de quelques lectures actuelles et réflexions de confrères (merci Benoît 😉), puisque ces temps un peu « suspendus » semblent être propices à la lecture et à la « pause intellectuelle » dans laquelle chacun y mettra ce qui lui siéra….

Au-delà de la perte et de la confrontation à la mort, l’approche du processus de deuil s’applique à  énormément de situations de notre vie professionnelle :

  • fin d’un projet,
  • licenciement,
  • départ à l’étranger… ou retour de l’étranger, d’ailleurs
  • changement de manager, ou d’organisation d’entreprise
  • fin d’un accompagnement (et oui…. Me concernant : j’ai toujours eu du mal avec cette situation : voilà de quoi alimenter mes supervisions 😉)…

Pour Elisabeth Kübler-Ross, la résolution du deuil se fait par étapes successives qui sont pourtant singulières d’une personne à une autre ; ces étapes ne se déroulent pas nécessairement dans l’ordre indiqué, mais bien en fonction de chacun, et chaque contexte / environnement est différent. C’est d’après-moi, ce qui fait la richesse de la chose…

Faire son deuil

L’expression m’a personnellement toujours interpellée… Que veut dire « Faire son deuil » ?

Dans nos sociétés actuelles, elle est synonyme d’acceptation de la mort.

En clair : c’est l’ensemble du cheminement psychologique par lequel chacun passe pour permettre d’accepter la perte et de pouvoir vivre ensuite en palliant à l’absence.

Chaque « phase » est vécue de manière plus ou moins intense selon chacun, mais également selon le contexte et l’environnement. Au-delà de cette question d’intensité, vient s’ajouter un paramètre de temporalité puisque certaines personnes peuvent aussi rester « bloquées » sur une phase spécifique.

Je me souviens à ce titre d’une personne qui m’expliquait dans mon  bureau un jour : « Nada, ça fait un moment que je suis tellement colère, je vous préviens… ». Si cette colère est nécessaire (pas agréable, certes…) pour le cheminement dans la courbe, n’est-elle pas une entrave au chemin de la sérénité lorsqu’elle perdure ?

C’est en ce sens que le travail du coach est important, ou de tout autre accompagnant du reste.

Et ce regard « en confiance » et « en miroir » permettra dès la phase du choc, de passer les différentes phases de manière plus sereine :

Et pour aujourd’hui?

Je souhaitais faire un parallèle avec ce temps actuel assez « suspendu ».

Nous vivons une période étrange, et le modèle de Kübler-Ross s’applique très certainement à l’ambiance générale : autant de manière personnelle, que de manière collective.

Il serait intéressant d’appliquer ces différentes phases de la courbe à l’échelle de notre société, et de comparer nos réponses à celles des autres pays du monde, touchés également par l’épidémie…

J’avoue humblement ne pas m’être prêtée à l’exercice, et je m’interroge sur le fait qu’il y ait de véritables différences. Après-tout ne sommes-nous pas tous « Humains » ?

Pour autant ce qui m’intéresse c’est bien la dernière phase : celle de l’acceptation et de la reconstruction après la recherche de sens… mais j’y reviendrais plus tard 😉

Pour l’heure, je me suis appliquée à moi-même cette courbe, histoire de comprendre:

Et Alors?

Et bien « Et alors » n’est-ce pas l’occasion de « Faire des choses » ?

Si je me suis prêtée à l’exercice de cette courbe du deuil c’est en référence à une discussion que j’ai eu avec une amie dernièrement…. Nous débattions sur l’avenir (comme tout le monde aujourd’hui, j’imagine?) et beaucoup de questions sont restées en suspens:

  • Est-ce qu’il y aura « vraiment » un avant et un après ? 
  • Est-ce que du « bon » va ressortir de toute cette période ?
  • Est-ce que cette période confinée permettra à chacun de se (re)connecter à lui-même: ses envies profondes ? ses valeurs parfois un peu délaissées ? 
  • De (re)-faire vivre ce que la chanson appelle « ce tout petit supplément d’âme » inscrit en chacun de nous ?
  • Quelle société pour demain ?
  • ….

Vous l’aurez compris: beaucoup de questions, mais les réponses ne peuvent être que spéculatives pour le moment; en tout cas, pour moi….

Alors j’imagine, je m’évade, je rêve… et j’essaye néanmoins de construire et de faire vivre ce « bon ».

Demain ?

 

Au-delà de la crise sanitaire dramatique que nous vivons actuellement, j’émets l’idée (avec d’autres…) qu’il s’agit également d’une crise philosophique et sociologique importante.

N’est-ce pas là une opportunité de construire ce nouveau monde qui est appelé des voeux de nombreuses personnes ?

J’entends les craintes de certains, et j’ai bien entendu cette personne me dire: « J’ai beaucoup de craintes pour l’avenir ». Ce serait vain que de dire: « Moi, je n’ais pas peur »… Parce que la peur est bien là, mais n’est-elle pas nécessaire? (cf. Continuer la Courbe du deuil…) – Il est évident que ce sont des concepts très abstraits, qui pour se déployer prendront du temps. 

Mais je veux garder mon optimisme: j’ai décidée de l’être. 

J’ai pris ma décision, je me suis positionnée: sans pour autant nier la réalité (dans ce cadre-là, je pense aux concepts de ce qui est appelé la « Psychologie Positive » avec lequel j’ai un peu de mal… mais j’y consacrerai un autre écrit plus tard)

 

C’est le moment de construire le monde. Nous avons chacun la responsabilité d’une parcelle de l’univers.

Christiane Singer

C’est donc bien de réfléchir à une nouvelle quête de sens et de comprendre aussi, en paraphrasant les grands auteurs, que nous sommes tous reliés à un « tout » bien plus grand que nous. Nous portons donc une responsabilité entre nos mains: en changeant mon regard, je contribue à ma hauteur à changer le monde….

Le petit colibri avait donc raison, et sa démarche bien que très poétique, trouve d’autant plus de puissance aujourd’hui.

Prendre du temps pour soi, et les autres, faire vivre de nouvelles solidarités, protéger les plus faibles, travailler sur soi, peindre, chanter, rêver, donner pour recevoir, multiplier les initiatives « justes », tenir par la main les plus désemparés, s’auto-suffire en terme de consommation (tiens, il serait bon d’aller arroser le potager), cultiver son jardin pour arroser celui du voisin……. la liste n’est sans doute doute pas complète et chacun pourra l’enrichir comme bon lui semblera.

Une petite Histoire pour terminer…

Devant de nombreuses initiatives que je vois fleurir actuellement, il y en a une qui m’a parlée particulièrement. 

Elle se passe un peu partout sur le territoire, et tend à se développer. En ces temps de confinement, tant de personnes plus faibles sont seules… Certes, elles l’étaient tout autant avant. 

Une initiative locale invite ces personnes à accrocher un foulard ou un bout de tissu rouge à leur porte pour demander de l’aide: pour les ravitaillements de courses, pour un coup de téléphone, pour …. pour….. pour …… simplement signaler l’isolement. 

Voilà. 

Il existe d’autres belles initiatives dans nos immeubles, nos quartiers et campagnes. C’est celles-ci qui changeront le monde… 

Pour le reste, je suis encore en réflexions, en me raccrochant à une conviction profonde puisque je me suis positionnée, et que j’ai choisi: autre chose est en marche, un « après » qui est en train de se construire…. et que mon optimisme profond voudrait voir plus « juste ». 

Alors entrainons notre regard à percevoir tous les foulards rouges aux fenêtres…

Nada ASSAF

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