L’état de Flow a été mis à jour par le psychologue américain Mihály Csíkszentmihályi à partir de 1975.

Concept clef de la Psychologie Positive, il désigne un état où on se trouve « être dans sa zone » : complètement absorbé dans son activité, plongé dans un état de concentration maximale, source de plein engagement et de satisfaction dans cet accomplissement.

(merci Wiki…)

flow

Le FLOW implique de faire quelque chose, et de se mettre en action ; d’ailleurs, Mihály Csíkszentmihályi explique que l’anti-Flow par excellence c’est la télévision puisqu’elle encourage d’être enfoncée dans son fauteuil (ou canapé)…. Je rajouterais que face à des programmes dénués de sens : l’état de Flow semblera difficile à atteindre.

Une citation de Pierre Bourdieu me revient d’ailleurs en écho : « Nous n’avons que la télévision qu’on mérite »…. Est-ce qu’il y aurait donc un consensus secret autour de la télévision qui empêcherait l’atteinte du Flow ? Bref, je m’égare.

Il y a moult applications de l’état de Flow, et pour moi c’est un indicateur plein de sens lorsqu’on s’interroge sur son métier, sa place au travail et sur le terme bien galvaudé aujourd’hui de « carrière ».

etat de flow au travail

Le Flow : ou l’art d’être heureux au travail

Cet état de Flow, sentiment d’absorption quasi-totale, peut se vivre également au travail ; et ce n’est pas uniquement l’apanage des sportifs de haut niveau ou des artistes, comme nous pourrions le penser, chez qui nous le voyons assez couramment.

Comment ?

Comme ça, j’ai l’envie de dire « quand on apprécie, quand on aime son travail ». Et c’est plutôt réconfortant (pour moi) de découvrir que nous pouvons expérimenter cet état de flow au travail.

Arnold BAKKER définit le « Flow at Work » (2005) par une succession de courtes périodes d’expériences optimales caractérisées par une concentration totale ou « absorption cognitive », une motivation dans son travail et, in fine, par une sensation de plaisir au travail.

Et cette motivation est avant tout intrinsèque : du dedans, vers le dehors.

Csíkszentmihályi ajoute que l’expérience du Flow est une expérience « autotéliques » (du grec auto – soi et telos – le but ou l’objet). Lorsque nous parlons d’une « expérience autotélique » nous parlons de la réalisation d’une action, d’une tâche, réalisée pour elle-même et dont la motivation se trouve à l’intérieure-même de cette action.

Nous parlons donc de motivation intrinsèque : celle qui provient de l’intérieur ; à l’inverse d’une motivation extrinsèque dont le but est extérieur.

Dès lors qu’on (re)-cherche sa voie, le meilleur indicateur reste notre motivation à faire les choses et à nous réaliser.

« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie». 

Confucius

Alors, comment expérimenter l’état de Flow au travail ?

Pour l’expérimenter, plusieurs composantes…. sans parler de « bonnes recettes » (propres à chacun) :

  • Donner un Sens à son travail:  c’est expérimenter ce plaisir et y trouver de la satisfaction. Il est donc important de définir son « Sens » : qu’est-ce que j’ai envie de développer ? A quoi est-ce que je travaille ? A quoi est-ce que je contribue ? Quel objectif est-ce que je poursuis ? Et quelles valeurs je veux pouvoir arroser tous les matins ? …. Autant de réponse à trouver et à évaluer ensuite dans son cadre professionnel.
  • Trouver le « juste équilibre » entre des tâches « challengeantes » (apprentissage constant) et principe de réalité (le niveau de défi), afin que ce ne soit pas trop décourageant. En d’autres termes, une personne ayant beaucoup de compétences qui produit une tâche trop facile risque de « stagner » ou de ne pas se sentir assez challengée…. A l’inverse, une personne qui doit réaliser une tâche pour laquelle elle n’a pas assez de compétences risque de se décourager. Dans les deux cas, le manque d’équilibre risque de produire anxiété et stress. Lorsque ce « juste équilibre » arrive, nous ressentons des émotions positives, porteuses de bien-être et de satisfaction.

Dans ce cadre-là, il est également intéressant de remettre le Manager au centre de ce processus. Nous apprenons quand la culture du feed-back est encouragée en entreprise. C’est d’ailleurs l’une des compétences managériales mesurées dans l’évaluation d’Assess Manager.

Il existe pour autant d’autres outils complémentaires de feed-back : de l’entourage professionnel (type enquête 360°), un proche ou encore un coach professionnel qui permet souvent cette dynamique itérative.

  • Se fixer des objectifs motivants: en effet, sans intentions d’atteinte des objectifs, ceux-ci auront sans doutes du mal à être atteint. Arriver à l’état de Flow au travail c’est se fixer des objectifs qu’on a l’intention de poursuivre. L’engagement total dans l’atteinte de son objectif vient dans sa définition-même, il faut qu’il soit : Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, Temporel et Ecologique. Je rajouterais volontiers à cet acronyme une dernière lettre : le V de Vibrant 😉

 

Cet objectif me fait-il suffisamment « vibrer » pour que j’ai l’envie de le réaliser ?

Arriver à cet état de Flow au travail implique donc de réfléchir sur soi, et me paraît être un indicateur intéressant lorsqu’on travaille à la (re)-définition de son projet professionnel.

Le Flow: Réfléchir, Ressentir pour Agir

Parler de « Quête de Sens » dans son travail, c’est souvent parler de « Quête de soi », devrais-je dire plutôt une reconquête de soi parce qu’en réalité on se re-connecte avant tout à des réalités un peu égarées, à ce qui est important et qu’on remet à jour.

photo de soi

J’ose une proposition.

Nous assistons à une mutation de l’idée même du travail. Alors qu’il y a quelques années, la notion de réussite au travail passait par le « faire carrière » : globalement nous évoluions dans une entreprise de manière linéaire en entrant par la petite porte pour accéder par paliers successifs à un autre statut.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les métiers mutent, phénomène accéléré sans doutes par les ruptures technologiques, l’automatisation, l’intelligence artificielle, et bons nombres de mutations sociétales qui accélèrent (ou en tout cas, qui servent de leviers) à des mutations culturelles. Les salariés doivent se mettre à jour et acquérir les compétences manquantes pour mener leurs projets à bien.

En d’autres termes de maintenir leur employabilité sur le marché.

Et d’une certaine manière, ce sont les salariés qui reprennent le pouvoir sur leur propre développement. Au-delà des injonctions de marché qui existent certes (charges financières, besoin de sécurité, etc.), le salarié prend la main sur le développement de sa carrière. Il peut aujourd’hui changer d’entreprise, changer de poste, se former, créer, etc….. de multiples possibilités s’offrent à lui. Vient ensuite la sécurisation de son parcours. Jamais d’ailleurs, les entreprises elles-mêmes n’ont été aussi attentives à « l’expérience collaborateur » en proposant des parcours de développement et d’accompagnement, pour favoriser l’expérience positive et devenir de plus en plus attractives (et disons-le, réduire le turn-over).

Et si chacun reprend le pouvoir sur son développement, quel serait le déclic du passage à l’acte ? Le mouvement, nous l’avons vu, part de l’intérieur vers l’extérieur, la source est donc en soi.

C’est donc en soi qu’il faut aller creuser.

Il existe bon nombre de raisons, inhérentes à chacun, et que je vois très régulièrement en bilan de compétences ou en coaching professionnel.

C’est d’ailleurs d’autant plus vrai lorsqu’on accompagne le haut potentiel intellectuel en entreprise et dans sa quête de sens.

Alors comment l’interroger ? Comment faire émerger ?

En plusieurs temps, dont la première étape est cette connaissance de soi : celle déjà inscrite sur le temple de Delphes.

« Connais-toi toi-même et tu connaitras l’Univers et les Dieux »

Inscription sur le temple de Delphes

Pour Socrate, la quête de la Sagesse passe inéluctablement par la conscience de soi.

Chercher en Soi permet d’atteindre le Bonheur.

Mais chercher Quoi ? Et Quoi chercher ?

La seconde partie inscrite sur le temple de Delphes le précise… « Et tu connaitras l’Univers et les Dieux ».

En d’autres termes : c’est en Soi, en ayant conscience de soi-même qu’on arrive à retrouver sa « juste » place dans l’Univers….

On se réaligne avec l’ensemble du système autour de Soi en retrouvant sa « juste place ».

alignement se connaitre

Et avoir Conscience de Soi passe par le questionnement :

  • Qu’est-ce qui me fais Vibrer ? Qu’est-ce qui me motive ?
  • De quoi ai-je Besoin pour être Heureux et Epanoui dans ma vie ?
  • Quelles valeurs j’ai envie d’arroser tous les matins ?
  • A quoi est-ce que j’ai envie de participer ?
  • Quelles sont les activités pour lesquelles je suis reconnue ?
  • Dans quel environnement je peux me déployer de manière fluide ?

Etc.

C’est autour de ces questions, parmi d’autres, que nous travaillons en bilan de compétences ou en coaching professionnel. Et autour de leurs réponses que sont conduit forcément, autant de plans d’actions personnels à chacun, qui permettront d’atteindre cet état de Flow au travail.

Nada

 

 

Sources (que j’ai citées ou juste pour aller plus loin…) :

 

    • Mihaly Csíkszentmihályi « Vivre: La psychologie du bonheur » (2004)
    • Conférence TED Flow: The Secret to happiness – de Csikszentmihalyi (2004)