Les Drivers: Cette petite voix intérieurs à apprivoiser

Les Drivers (ou messages contraignants, en Analyse transactionnelle) sont hérités de notre éducation, et enregistrés dans notre inconscient. 

Les différentes « recommandations » (ou injonction, bien souvent) que nous avons intégrées dans l’enfance, si elles sont « utiles » parce qu’elles font partie de l’éducation, elle peuvent devenir contraignantes, voire très limitantes, à l’âge adulte.

Quelques uns aurons entendus enfant « Tu as fais plaisir à Maman puisque tu as eu 20/20 » ou « Tu es un grand garçon maintenant, il ne faut plus pleurer »… Il y a pléthore de petites phrases entendues qui sont devenus des injonctions à l’âge adulte.

Nous serions donc la plupart du temps sous l’influence d’un message contraignant (ou deux). Pour ma part, je préférerais le terme de « Drivers » à celui de « messages contraignants ». 

Pourquoi me direz-vous?
Et bien prenons l’image d’une voiture. Que serait-elle sans l’action du levier de vitesse ? Elle peut rester au point mort, mais en actionnant ce levier: elle avance… parfois « bien », d’autres fois un peu plus lentement.

C’est une question d’équilibre et de « curseur »: son ajustement permet de réguler la vitesse:

  • Un Manager qui serait dans le « Fais plaisir » aura l’avantage d’être attentif aux besoins de ses équipes (entre autre), mais peut-être aura-t-il plus de difficultés lorsqu’il faudra recadrer?
  • Un Chef de projet qui serait dans le « Sois parfait » aura tendance à vouloir tout réguler, gérer, contrôler, avec sans doutes une tendance à rechercher la perfection dans toute chose. Ses atouts (organisation, contrôle, exigence envers lui-même et les autres, etc.) peuvent devenir des « risques » lorsqu’ils sont poussés à l’extrême: peut-être une trop forte exigence qui l’empêche de déléguer au risque de « se mettre trop de pression » ? Ou finalement d’avoir des objectifs tellement élevés qu’ils sont (forcément) inatteignables: et pour ne pas risquer de rendre un rapport imparfait… de procrastiner ?

Il existe de nombreux exemples en entreprise de ces « petites voix » intérieures qui nous ont conditionnés, et qui deviennent rapidement ingérables.

Au-delà de ces nombreux exemple, ces Drivers sont au nombre de 5 :
Sois parfait, Sois fort, Fais des efforts, Fais plaisir, Dépêche-toi

Drivers_Taibi KAHLER

 

A cette liste initiale peuvent s’ajouter deux autres drivers: Débrouilles-toi et Sois Conforme, qui pourraient être des compléments aux premiers.

Peut-être vous reconnaissez-vous dans l’une ou l’autre (ou toutes) de ces « petites voix intérieures »; rappelons néanmoins que chaque cas reste unique et que ces situations sont assez larges et schématiques.

A chacun de ces drivers correspond des aptitudes spécifiques: positives elles constituent des atouts, à l’extrême, celles-ci peuvent devenir tyranniques et conditionner des croyances limitantes qui peuvent nous mettre en difficultés. 

L’idée est donc de ne garder que ce qui vous convient et de modifier ce qui ne vous convient pas, ou plus. 

Dévoiler, Sélectionner, Agir

 

Quelques pistes de réflexion que vous pouvez compléter par la mise en place d’un coaching ou un bilan de compétences:

  • Dans quelle mesure vous reconnaissez-vous dans chacun de ces drivers ?
  • Comment s’expriment-ils chez vous, et dans quelles situations précises ?
  • Arrivez-vous à détecter ces situations précises ainsi que leur contexte ?
  • Quelles conséquences représentent-ils dans vos relations ? Vos émotions ?
  • En quoi ces drivers sont-ils un problème dans vos comportements? Dans votre contexte professionnel ? 
  • En quoi représentent-ils un avantages ? Qu’est-ce que vous souhaitez en conserver ? 

Ce sont des réflexions qui posent déjà une première base de changement.

 

Le Questionnement spécifique des personnalités atypiques

 

Dans cette partie, j’avais le besoin d’évoquer le cas spécifique de la relation aux drivers des profils dits « atypiques ». 

Je n’aime pas particulièrement le terme « d’atypique » qui questionne l’idée-même de normalité dans nos sociétés. Et finalement, être « atypique » ne constitue-t-il pas un groupe à part entière (certes hétérogène, puisque nous sommes tous différents) ? 

Et qui dit « groupe d’appartenance » dit aussi des sujets qui se ressemblent, des questionnements communs, qui se sont construit entre autre par rapport à une norme (société, environnement, école, etc.)

Quelques réflexions:

  • Lors de notre développement, ne construisons-nous pas notre identité en nous comparant sans cesse aux personnes du même groupe ?
  • Et que se passe-t-il si le groupe auquel nous nous comparons n’a pas les mêmes « codes », le même « fonctionnement cognitif » (ou culturel) que nous ? En bref, la « même lecture » du monde ?

Deux illustrations pratiques:

 

  • Samy est issu d’un couple mixte: un père libanais, et une mère française. Celui-ci me parle de son parcours et de ses nombreux voyages à travers le monde. Il revient en France récemment et se « heurte » à des problématiques de communication récurrents en entreprise. « Je n’ais pas les bons codes, pourtant c’est le pays de ma mère », et comment faire quand au Liban « J’ai toujours été considéré comme le fils de l’étrangère » ?
  • Juliette quant à elle, s’est toujours sentie en décalage par rapport aux autres: « A l’école déjà, je n’arrivais pas à me poser et quand la maîtresse posait une question: j’avais la réponse tout de suite…. mais je ne savais pas l’expliquer. Ensuite, en entreprise: j’étais considérée comme celle qui est TROP: trop percutante, trop à fleur de peau, trop rigide, trop tout…. »

 

Que ce soit pour Juliette ou Samy, ne pouvons-nous pas parler du driver « Sois Conforme » ?

 

Et c’est en prenant conscience de leurs différences que Samy ou Juliette se sont « donnés la permission » d’être ce qu’ils sont, et de déployer tout leur potentiel.

 

Il est bien évident que chacun de nous est différent, et que ces deux chemins n’appartiennent qu’à eux. Ce dernier driver me semble néanmoins intéressant à questionner dans le cadre de l’accompagnement des personnalités « atypiques ».

 

Au-delà de ces réflexions spécifiques, le travail sur les drivers permet à chacun de questionner sa propre identité et d’entrer en profondeur dans ce qui nous fait force, et ce qui nous fait obstacle. 

 

Et vous, où en êtes-vous dans ces réflexions ?

 

Nada